La mission de l'Église

Sa foi

Faire partie d’une Eglise mondiale

La mission de l’Eglise

Introduction - L’Eglise comme mission - La dimension oecuménique de la mission - La dimension évangélisatrice de la mission - La dimension diaconale de la mission - La dimension mondiale de la mission - Conclusion

Introduction
L'Eglise Evangélique Méthodiste est issue d'un réveil au sein de l'Eglise anglicane au XVIIIe siècle. Dans leur recherche d'une vie sanctifiée, les pasteurs anglicans John et Charles Wesley découvrirent la force renouvelante de l'Evangile. Ils commencèrent à prêcher la grâce de Dieu qui est offerte à tous et qui ne peut pas être méritée. Elle est don de Dieu pour chaque personne qui croit en Christ et qui le suit dans sa vie. Ceux qui voulaient vivre une vie avec le Christ se rassemblèrent dans des sociétés à l'intérieur de l'Eglise anglicane et furent appelés «méthodistes». Pendant toute la vie des frères Wesley, les méthodistes restèrent à l'intérieur de l'Eglise anglicane et se considérèrent comme un ferment de renouveau. Lorsque les colonies américaines eurent acquis leur indépendance, John Wesley donna des instructions pour la formation d'une Eglise méthodiste aux Etats-Unis avec ordinations, administration des sacrements, base doctrinale, liturgie, structuration et tout ce qui est nécessaire pour la création d'une Eglise autonome. Mais s'il était de la sorte devenu une Eglise, le méthodisme n'en resta pas moins un mouvement missionnaire. Au XIXe siècle, différentes branches de celui-ci commencèrent à travailler sur le continent européen, entre autres deux branches qui forment actuellement l'Eglise Evangélique Méthodiste.

Le présent document s'adresse à tous ceux qui aimeraient connaître davantage l'Eglise Méthodiste Unie, particulièrement nos membres et amis en France et en Suisse romande. Elle n'entre pas dans les détails de l'histoire. Elle essaie de répondre à de nombreuses questions sur le fondement doctrinal de l'Eglise, sa structure, son fonctionnement, sa vision, etc. Toute Eglise est communion des croyants. Elle se fonde sur un message. Elle a une mission dans le monde. Et afin d'accomplir sa mission, elle a besoin d'une structure. Tous les points suivants sont importants: les personnes et les structures, l'annonce de la parole et les actes, le vécu local et la dimension globale. Présenter succinctement ces divers aspects de l'Eglise Méthodiste Unie, telle est l'ambition du document présent.

L'Eglise comme mission

Tout au long de ce dossier nous parlerons de la vocation missionnaire de l'Eglise, qu'au demeurant le Nouveau Testament présente comme essentielle. Ce point est évidemment pris en compte par le règlement de l'Eglise Evangélique Méthodiste. Mais il convient de préciser que contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, ce règlement ne se réduit pas à une combinaison de décrets à portée juridique. C'est plutôt un manuel destiné à encourager la mission de l'Eglise. L'introduction à la constitution de l'Eglise commence par les paroles suivantes: «L'Eglise est l'union de tous les vrais croyants en Jésus-Christ, leur Seigneur. Elle est la communauté sauvée, envoyée dans le monde, pour annoncer le salut, communauté dans laquelle la Parole de Dieu est prêchée par des hommes et des femmes appelés par Dieu et dans laquelle les sacrements sont administrés correctement selon leur institution par le Christ. Par l'action du Saint-Esprit, l'Eglise invite à l'adoration de Dieu, travaille à l'édification des croyants et au salut du monde.» (introduction à la constitution, alinéa 1)

La dimension oecuménique de la mission
La mission de l'Eglise a divers aspects. Une des dimensions importantes dans la tradition méthodiste, c'est l'engagement pour l'unité. L'Eglise Evangélique Méthodiste a toujours eu le souci d'être une Eglise missionnaire, mais elle ne veut pas accomplir sa mission aux dépens d'autres Eglises. Dès son début avec John et Charles Wesley, le réveil méthodiste a tendu la main à tous ceux qui suivent le Seigneur Jésus Christ. Au XIXe siècle, différentes Eglises issues du réveil méthodiste se sont rassemblées dans le Conseil méthodiste mondial. Au début du xxe siècle, elles se sont engagées en faveur de la création du Conseil Oecuménique des Eglises. De fait, plusieurs secrétaires généraux de ce Conseil sont issus d'une Eglise de tradition méthodiste. L'Eglise Evangélique Méthodiste fait partie du Conseil Oecuménique des Eglises depuis sa fondation. Elle essaie d'y apporter son témoignage spécifique.

Les Eglises de tradition méthodiste ont également participé à des unions organiques. Dans la partie francophone de l'Europe, des unions se sont faites avec d'autres Eglises issues de la Réforme:

En France, l'Eglise Evangélique Méthodiste a commencé une deuxième oeuvre missionnaire en 1905, différente de celle en Alsace. Elle l'a cédée à l'Eglise Réformée peu avant la Deuxième Guerre mondiale, car elle n'avait plus les moyens financiers de la soutenir. L'Eglise Méthodiste issue d'une mission d'Angleterre qui avait débuté à l'époque de la Révolution française, s'est unie avec trois Unions d'Eglises (Eglise Réformée Evangélique, Eglise Réformée et Eglise Libre) en 1939 pour former l'Eglise Réformée de France. Une minorité de l'Eglise Méthodiste est restée en dehors de cette union et s'est constituée en l'Eglise Méthodiste de France, homonyme mais indépendante de l'Eglise Evangélique Méthodiste jusqu'en cette année 2003. Cette Eglise Méthodiste de France, du fait de son origine anglaise, est parfois appelée «wesleyenne». Elle est surtout implantée dans le sud-est de la France, autour de Nîmes, et comprend une église locale à Paris. Depuis les 2/3 avril 2005, cette Eglise Méthodiste de France (EMF) est intégrée à sa demande à l'Eglise Evangélique Méthodiste. La Conférence Annuelle Suisse/France 2005 réunie en juin 2005 confirme cette intégration définitive. La décision prendra force de loi en janvier 2006. En janvier 2006, l'EMF prononce sa dissolution.

En Belgique, l'Eglise Méthodiste issue d'une mission des Etats-Unis s'est unie avec l'Eglise Evangélique Protestante en 1969 pour former l'Eglise Protestante de Belgique. Depuis son union avec deux Eglises réformées en 1978, elle a pris le nom d'Eglise Protestante Unie de Belgique. Cette Eglise unie a gardé des liens avec la conférence centrale de l'Europe du Centre et du Sud. Dans les unions organiques, les Eglises méthodistes n'ont constitué qu'une petite minorité. II est difficile de dire à quel point une connaissance de la tradition méthodiste reste vivante dans ces Eglises unies. Une union d'une autre sorte s'est produite au niveau mondial en 1968. Deux Eglises de tradition méthodiste et d'origine américaine se sont unies, l'Eglise Méthodiste et l'«Evangelische Gemeinschaft». Ces deux Eglises avaient des ramifications en Europe, également dans les parties francophones. Elles ont formé l'Eglise Evangélique Méthodiste (en anglais: United Methodist Church) telle qu'elle est présentée dans cette brochure. Actuellement, des discussions préliminaires sont engagées au niveau mondial entre l'Eglise Evangélique Méthodiste et d'autres Eglises méthodistes d'origine américaine mais qui, quant à elles, n'ont pas de ramifications en Europe. Pour l'Europe, la collaboration s'est intensifiée au sein du Conseil méthodiste européen entre l'Eglise Evangélique Méthodiste et les Eglises méthodistes en Angleterre, Irlande, Portugal, Espagne (Eglise Evangélique d'Espagne) et Italie.

La dimension évangélisatrice de la mission

L'évangélisation est essentielle à la vie de l'Eglise, car celle-ci a un message à apporter: l'Evangile. Ce mandat n'est pas seulement donné à ceux qui pratiquent le ministère de la Parole, laïcs ou ordonnés. Le témoignage de l'Evangile est confié à tous les membres de l'Eglise. Il est exercé de multiples manières. II se traduit par la parole et par les actes. Il ne peut pas être délégué à une commission ou oeuvre dans l'Eglise, mais doit être vécu par les membres. Nous soulignerons cette dimension dans le prochain chapitre.

De façon institutionnelle, l'Eglise favorise l'évangélisation par les médias, principalement par la littérature. Dans les régions francophones, l'Eglise Evangélique Méthodiste accomplit cette mission par l'intermédiaire des Librairies Bibliques «Certitude», implantées à Anduze, Colmar, Metz, Mulhouse, Munster, Nîmes, Sélestat. Depuis 2006, le réseau des librairies Certitude intègrent d’autres composantes évangéliques au niveau de sa direction. A Agen, l'évangélisation au moyen de la radio (ESPOIR FM) est entreprise par l'EEM en coopération avec d'autres Eglises.

Des communautés d'origine étrangère sont associées à l'Eglise Evangélique Méthodiste. Celle-ci met à leur disposition ses locaux et leur apporte son soutien. C'est notamment le cas de la paroisse de Strasbourg-Sion, où sont intégrées une communauté chinoise, une communauté coréenne et une communauté cambodgienne. Celles-ci se distinguent par un zèle missionnaire remarquable. Ainsi des chrétiens cambodgiens partis de Strasbourg pour Paris ont fondé, avec l'aide de l'Eglise Evangélique Méthodiste, une nouvelle Eglise dans la capitale française où vit une importante population originaire du Cambodge. D'autres communautés chrétiennes cambodgiennes travaillent dans le cadre de l'Eglise Evangélique Méthodiste en Suisse, à Aarau, Berne et Hasle-Rüegsau. A Genève, une communauté ibéro-américaine s'est constituée et s'est associée à l'Eglise Evangélique Méthodiste.

La dimension diaconale de la mission
L'amour reçu de Dieu incite à le manifester par des actes. Cette fonction diaconale de la mission doit également être présente au niveau local. Plus que l'évangélisation, la diaconie peut se manifester dans des oeuvres et institutions que l'Eglise crée, mais elle ne doit pas être déléguée aux seuls spécialistes. Elle fait partie des gestes d'amour, si modestes soient-ils, qui éclairent la vie quotidienne.

Au niveau institutionnel, l'Eglise a créé plusieurs institutions sociales dont les débuts remontent souvent au XIXe siècle et qui ont été liés aux oeuvres de diaconesses. En partie francophone, on les trouve en Suisse romande et en France. En Suisse romande, deux homes pour personnes âgées, valides ou nécessitant des soins, existent à Lausanne et à Genève: l'«Institution de Béthanie» rattachée au diaconat de Béthanie Zurich et la fondation «Foyer Béthel». Pendant de longues décennies, toutes les églises locales en Suisse romande gérèrent des bureaux de placement et des foyers pour jeunes filles de Suisse alémanique. Ce travail a été arrêté en l'an 2000 et les églises locales développent leur ministère entièrement en français. En France, l'oeuvre des diaconesses de Béthesda avec la maison-mère à Strasbourg a développé une riche activité au xxe siècle. Une clinique a été gérée par Béthesda à Strasbourg jusqu'en 2000. Des maisons de retraite existent à Mulhouse, Munster et Strasbourg. A Landersen, dans la vallée de Munster, l'Eglise gère un centre de vacances qui accueille des personnes de tout âge et offre un lieu de rencontre, de ressourcement et de calme.

La dimension mondiale de la mission
Dès ses débuts, le méthodisme a insisté sur la dimension mondiale de la mission. Les méthodistes anglais ont envoyé des prédicateurs dans les colonies américaines autant que sur les îles de la Manche et vers la France. Ils ont fondé une oeuvre de mission outre-mer qui a envoyé des missionnaires partout dans le monde. C'était une entreprise de la Conférence Annuelle. Tous les membres méthodistes participaient à cette oeuvre de mission. Celle-ci ne s'est jamais présentée comme une société de mission, indépendante de l'Eglise, assumée par un nombre restreint d'adeptes. La même structure est encore en vigueur aujourd'hui. L'oeuvre de mission constitue une partie intégrante de la conférence annuelle et elle est organisée par une commission de mission. Actuellement, les trois cibles, mission outre-mer, mission intérieure et aide dans le diocèse, sont en train de s'unir dans une seule structure, appelée «Connexio», au niveau de la Conférence Annuelle Suisse et France. Une autre brochure du CMFT, Amour du prochain et témoignage: un même appel, contient une déclaration de l'Eglise Evangélique Méthodiste concernant la mission sous le titre «Grâce sur grâce» .

Depuis la création d'Eglises méthodistes dans les pays d'outre-mer, la commission de mission est entrée dans le partenariat avec ces Eglises existantes. L'évangélisation se fait par les autochtones, mais un apport spécialisé est bienvenu. Ainsi, la commission de mission envoie des collaborateurs et collaboratrices selon les besoins et demandes formulés par les Eglises-soeurs d'outre-mer. Au niveau européen, les oeuvres de mission des différentes conférences annuelles se sont réparti leurs engagements pour des pays particuliers. La conférence annuelle Suisse-France est active en Afrique du Nord, en RD du Congo, au Zimbabwe, en Argentine, en Bolivie, au Chili, en Costa Rica et au Cambodge. Sa mission outre-mer aide à la réalisation de nombreux projets et envoie une quinzaine de personnes dans ces pays. Faire partie de l'Eglise Evangélique Méthodiste permet de participer à toutes ces dimensions de sa mission.

Conclusion
Notre brève présentation des caractères essentiels du Méthodisme a certainement montré la nécessité de se mettre à l'écoute des défis de l'actualité, afin de prendre les décisions indispensables. De nombreux exemples auraient pu être cités dans ce domaine. Nous sommes confiants que les méthodistes sauront rester assez réceptifs et souples pour faire face aux nouveaux défis que l'avenir apportera. Rien ne saurait mieux les y préparer que cette réflexion de John Wesley écrite en 1786, dans son mémoire «Réflexions sur le méthodisme»: «Je n'ai pas peur que ceux que l'on appelle méthodistes cessent un jour d'exister, en Europe et aux Etats-Unis; mais j'ai peur qu'ils ne puissent exister que comme une secte morte, ayant l'aspect extérieur de la piété, mais dépourvue de sa force vitale. Cela se produirait sans aucun doute, s'ils ne restaient pas fidèles à la doctrine, à l'esprit et à la discipline de leurs débuts.»